Migrants

Tu es là, assis sur ta valise. Tu te demandes si tu dois partir, quitter ce pays qui t’a vu naître.

Ce pays, tu l’aimes, c’est la terre de tes ancêtres et pourtant, aujourd’hui, il t’est devenu invivable.

Tu as pris ton baluchon. Tu vas traverser des contrées inhospitalières, subir toutes les humiliations. Tu donneras, à un passeur sans scrupules, le peu d’argent que tu as pu collecter, économies, dons de ta famille ou de tes amis. Tous ceux qui pensent que c’est une chance de partir vers cet eldorado européen.

Tu arrives face à un grillage. Terminus ou porte vers une nouvelle vie. Et quelle vie !

Tu sais ce que tu viens de quitter. Un pays et son régime autoritaire. Un pays en guerre réduit à une guerre civile, ethnique, religieuse. Un pays dont la terre n’est plus capable de te donner le minimum de subsistance. Un pays où tu ne peux plus vivre.

Et quelle vie, maintenant !

Traverser cette mer. Y périr ?

Finir dans un centre de rétention, dans une « jungle ». Y périr ?

Pénétrer dans ce tunnel. Y périr ?

……..

Djebel, artiste plasticien, n’est pas là pour apporter une réponse, ni même une solution.

À travers sa série « Les migrants », il s’interroge sur ce monde, il interroge le monde.

Il se définit, – et n’est-ce pas le rôle de tout artiste –, simplement, comme observateur critique, un passeur d’idées.

Entamée depuis plusieurs années, la série « Les migrants » renvoie le spectateur à ses propres contradictions, à ses propres interrogations.

Que voir ? Que faire ?

Rendre visible l’invisible. Rendre visibles les invisibles.